Installée à Cassuéjouls depuis 1994, l’entreprise CMF, pour « Coffrage Menuiserie Fabre », s’est forgé petit-à-petit une reconnaissance nationale et internationale dans la conception et la réalisation de coffrages en bois (moules pour la mise en œuvre du béton). Mais l’entreprise n’est pas dans du coffrage standard. Elle est dotée d’un bureau d’études qui lui permet de concevoir des projets sur-mesure pour fournir des moules en bois gigantesques partout dans le monde. Présentation de cette entreprise familiale, avec Didier Fabre, fondateur de l’entreprise, et son fils, Benoît Sabrié-Fabre, aujourd’hui dirigeant.
• Des références mondiales pour des projets colossaux
En 1994, quand Didier Fabre démarre son activité de menuiserie-coffrage dans ce champ familial « où l’on cultivait des pommes de terre », se souvient-il, il est fort à parier qu’il n’imaginait pas que l’entreprise finirait par devenir internationale à ce point.
Avec une expérience de dessinateur à Paris, Didier Fabre commence modestement dans des petits coffrages, en dessinant à la main tous ses projets. En 1998, son fils Benoît vient lui prêter main forte et développe l’informatisation. Un premier coffrage au Portugal en appellera petit-à-petit d’autres…et aujourd’hui, l’entreprise travaille avec les plus grands groupes (Vinci, Eiffage, Bouygues…) pour des projets architecturaux de grande ampleur nécessitant une expertise certaine. La liste de références commence à être longue : tunnel à Nice, viaduc de Bourran à Rodez, ponts sur le canal du Panama ou au Cameroun, barrage du Mont Saint-Michel, viaduc de Saint-Paul de la route des Tamarins à La Réunion, pont ferroviaire et routier au Congo, centrale nucléaire (EPR) de Flamanville, Arkea Arena à Bordeaux, gares du Grand Paris, structure interne de la Bourse du Commerce à Paris (qu’occupent notamment Michel et Sébastien Bras)…
Des projets impressionnants…qui, aujourd’hui, n’impressionnent presque plus le père et le fils. « C’est notre quotidien, nous avons toujours l’adrénaline quand nous travaillons sur nos projets mais il faut dépasser l’émotion pour se concentrer, avec toute l’équipe, sur la faisabilité des coffrages », nous lance Benoît Sabrié-Fabre.
Il n’empêche, les calibres des coffrages réalisés restent stupéfiants et étonnants, comme celui présent dans l’atelier lors de notre visite (octobre 2021). « Cela fait 6 semaines que nous travaillons sur une « ouïe » d’aspiration de 15 mètres de long, 6 mètres de haut et 6 mètres de large qui partira en Angleterre, pour la centrale nucléaire de type EPR de Hinkley Point. Cette station de pompage aspire l’eau de mer pour alimenter le circuit de refroidissement du turbo alternateur de la centrale. » |
• Repères
– 1992 : Après une expérience de dessinateur à Paris, Didier Fabre, originaire de Vitrac-en-Viadène, engage les travaux de terrassements de son entreprise sur un champ familial.
– 1998 : Benoît Sabrié-Fabre, fils de Didier, intègre l’entreprise et développe l’informatisation.
– 2018 : Transmission de l’entreprise à Benoît Sabrié-Fabre.
– 18 salariés
• Une méthodologie qui s’appuie sur un bureau d’études interne
L’entreprise compte une vingtaine de salariés pour mener à bien tous ces projets de grande ampleur. Quatre personnes composent un bureau d’études interne, qui conçoit et dimensionne les coffrages. Tous les coffrages que l’entreprise réalise sont des prototypes. Cette phase d’étude est cruciale avant le passage en atelier. Les projets de coffrages sont dessinés en 3D (trois dimensions), évalués, mesurés pour fournir un plan de fabrication très précis en atelier. « La conception d’un coffrage, c’est 30 % du temps. Il vaut mieux perdre du temps en étude qu’en atelier car si cette phase est négligée, le travail en atelier est difficile et nous risquons de ne pas tenir les délais…et un retard dans le planning, ça peut faire mal car nous subissons des pénalités de retard », explique Benoît Sabrié-Fabre.
Côté atelier, il y a deux aspects : l’usinage et le montage. « Comme je le dis souvent, nous utilisons les techniques du charpentier avec la précision du menuisier ! », lance Benoît Sabrié-Fabre. Le centre d’usinage fabrique et découpe les pièces sur-mesure issues des plans fournis par le bureau d’étude, via notamment la méthode du « nesting », c’est-à-dire des pièces qui s’imbriquent les unes aux autres. Les pièces usinées sont ensuite assemblées (comme un puzzle !), mastiquées et finalisées pour redonner la forme géométrique attendue du coffrage, avant d’être envoyées, souvent par container, au client.
« Nous avons une chance aujourd’hui, c’est que nous avons un savoir-faire, une méthodologie de travail qui est reconnue. Nous sommes peu d’entreprises en France à sortir des coffrages standards. Notre leitmotiv, c’est le challenge, la recherche permanente de la bonne idée car un coffrage, ça n’est pas que de la géométrie. Il faut aussi réfléchir à la façon de le mettre en place, de le démonter… Et c’est là que le travail préalable en bureau d’études est crucial ! », conclut Benoît Sabrié-Fabre.
L’AUBRAC, UN EMPLACEMENT ASSUMÉ
Le fief historique de l’entreprise est à Cassuéjouls, en Aubrac. L’essor grandissant de l’entreprise aurait pu donner l’envie à Didier et son fils Benoît de se rapprocher des grandes villes. Mais comme le souligne Benoît : « Quel intérêt aurions-nous à bouger ? Le prix du container pour envoyer nos coffrages est le même, que l’on soit en Aubrac ou ailleurs ! », avant que son père ne lui emboîte le pas : « Que voulez-vous de mieux ? Hier, nous avons ramassé les champignons presque devant la porte de l’entreprise ! »
Plus sérieusement, Benoît insiste sur le cadre de vie de l’Aubrac, apprécié par ses salariés…et ses clients : « Le personnel apprécie le cadre de vie de l’Aubrac et son caractère authentique. Nos clients sont parfois surpris de notre localisation, mais ne sont jamais déçus de nos paysages remarquables, notre gastronomie, nos produits… C’est un réel argument de séduction ! », sourit-il.
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