By // by Cédric MUREZ
Tout au long de l’été, la Communauté de Communes Aubrac Carladez Viadène a communiqué auprès de sa population pour alerter sur la situation de la ressource en eau et informer de la prise progressive d’arrêtés de restrictions, notamment sur le secteur du Carladez.
L’eau du Carladez est puisée dans l’unique ressource d’eau de surface que représente le cours d’eau « Siniq » avant d’être traitée dans l’usine d’eau potable à Thérondels.
Le Siniq, milieu fragile, est ainsi soumis à une surveillance accrue, pour garantir sa vie biologique et préserver sa biodiversité.
La Déclaration d’utilité publique (DUP) de décembre 2019, qui autorise le prélèvement de l’eau dans le Siniq, définit un débit réservé équivalent au débit minimum biologique de 120 l/s. Des dérogations par arrêté préfectoral permettent de prélever en dessous de ce seuil, jusqu’à la limite de 45 l/s. En dessous de 120 l/s, les restrictions se durcissent progressivement en trois niveaux : Vigilance, Alerte, Crise.
Cet été, les passages à ces niveaux ont été rapides : niveau « vigilance » le 21 juillet ; niveau « alerte » le 14 août ; niveau « crise » le 17 août. Les fortes chaleurs intervenues à la mi-août ont vivement impacté la ressource. En 3 jours, le territoire est passé du niveau « Alerte » au niveau « Crise ».
Dans ces circonstances, la Communauté de Communes a fait appel, comme en 2022, à un transporteur pour approvisionner en eau l’usine et ainsi limiter le puisage dans le Siniq. Cela a permis de respecter le débit minimum réservé de 45 l/s en moyenne sur 24 heures. L’eau a été acheminée depuis Laguiole.
Mis en place pour la première fois le 18 août, les camions ont transporté près de 4 808 m3 d’eau, en 2 périodes : du 18 au 25 août et du 5 au 13 septembre. Sur une journée de transport, cela correspondait au pic de la crise à un tiers de la consommation du Carladez.
Dès le niveau « Alerte », la Communauté de Communes a activé une cellule de crise, en relation directe avec les services de l’État, la DDT, l’OFB, l’ARS, l’Agence de l’eau et Véolia, conformément à la procédure d’autorisation.
Les services ont assuré un suivi quotidien de l’évolution du débit du Siniq grâce à une sonde installée sur le cours d’eau pour être réactifs et optimiser le nombre de camions dédiés au transport d’eau potable. Des réunions hebdomadaires ont permis de prendre les décisions nécessaires pour maintenir l’eau potable à tous les abonnés, considérant également les besoins agricoles moins prégnants (le niveau des sources s’est maintenu plus longtemps que durant l’été 2022).
Les efforts consentis, moins marquants qu’en 2022, doivent nous interpeller et amener chacun à prendre conscience des enjeux liés à la ressource naturelle EAU. C’est bien collectivement que les usages et les besoins doivent être raisonnés.
Le coût global du transport de l’eau pour les deux périodes est évalué à environ 80 000 €. Comme l’an dernier, la Communauté de Communes a déjà sollicité un soutien financier de l’Agence de l’eau, qui pourrait s’élever à hauteur de 50 %, et du Département.
Le prix de l’eau pour les abonnés (2,81 € TTC par m3 pour une consommation annuelle de 120 m3 par foyer) ne sera pas impacté par cette logistique : il reste fixé selon des considérations contractuelles, et non pas en fonction des crises estivales. Les aides attendues permettront de ne pas impacter le budget général de la Communauté de Communes et le budget annexe de l’eau.
Des études de faisabilité technique et financière sont d’ores et déjà lancées pour éventuellement pomper de l’eau brute dans le lac de Sarrans (avec un ensemble de complexités administrative et technique bien identifiées).
La Communauté de Communes avance désormais pour trouver une solution alternative pour sécuriser la ressource en eau, comme l’indique le président Jean VALADIER :
« Sécuriser la ressource, c’est imaginer les interconnexions entre territoires. C’est imaginer le prélèvement sur une ressource robuste que pourrait représenter la Truyère, et c’est aussi accompagner la recherche de fuites… Et puis, il faut mettre en œuvre un accompagnement des citoyens pour les aider sur de nouvelles utilisations de l’eau. »
L’enjeu est de raisonner un schéma directeur sur l’ensemble du territoire de la Communauté de Communes Aubrac Carladez Viadène pour apporter des réponses à la fois sur la distribution de l’eau potable et sur les besoins agricoles, sur une échelle de 30 ans.
Aucun article similaire.
1, rue Lavernhe
12210 LAGUIOLE
Tél : 05 65 66 19 87